Poids lourds hydrogène : témoignage d’un transporteur pionnier

« L’hydrogène est une solution crédible pour décarboner la mobilité lourde » 

Entre la fin programmée des moteurs thermiques en Europe, la pression réglementaire et les attentes des clients et citoyens, les transporteurs doivent se réinventer. Parmi les solutions du mix énergétique, l’hydrogène s’impose comme une alternative crédible pour les usages intensifs et la longue distance. 

Yann Colin, Directeur Mobilités Vertes pour Bert&You et Président de la Coalition Rétrofit H2, pionnier de la transition énergétique, partage son expérience avec Hyliko et sa vision de l’avenir du transport routier décarboné. 

Partie 1 : Déclic et engagement 

Ces dernières années, le transport routier s’est trouvé face à un défi majeur : comment réduire ses émissions de CO₂ tout en répondant aux besoins de mobilité ? Le GNL et l’électrique ont marqué des étapes, mais leurs limites sont vite apparues, notamment pour les usages intensifs.  

Pourquoi avez-vous décidé de vous engager dans la transition énergétique ? 

« Depuis plus de 10 ans, nous cherchons à réduire notre empreinte carbone. Le GNL a été une première étape, puis l’électrique… mais la demande restait faible. Le besoin de décarboner était déjà là, même si le secteur n’avait pas encore pleinement pris la mesure de l’enjeu. »  

En 2022, Bert&You crée son service “Mobilités vertes” pour anticiper un nouveau besoin devenu incontournable : la décarbonation du transport. Pour Yann, l’engagement environnemental est indissociable de la stratégie business : 

 « Les enjeux environnementaux et économiques sont corrélés. Tester de nouvelles solutions du mix énergétique, c’est prendre une longueur d’avance sur nos concurrents. » 

Quel a été le déclencheur pour vous tourner vers l’hydrogène ? 

L’hydrogène s’impose aujourd’hui comme une alternative crédible pour la mobilité lourde. Plus flexible que l’électrique batterie, il répond aux contraintes d’autonomie, de rapidité de recharge et d’usages intensifs. En clair, il couvre les activités que l’électrique ne peut pas assurer, tout en garantissant la performance attendue. 

« Hyliko nous a donné l’opportunité de passer à l’action, d’emmener nos clients vers l’hydrogène et de devenir pionniers sur ce marché. » 

Identifier en amont les activités adaptés à l’hydrogène est essentiel. Double poste, logistique frigorifique, charges lourdes… autant de cas d’usages où les poids lourds hydrogène apportent une vraie valeur ajoutée.  

Partie 2 : Retour d’expérience concret 

Si la technologie hydrogène est encore jeune, les premiers déploiements en France montrent qu’elle est déjà capable d’être présente dans des flottes de poids lourds et d’assurer des missions complexes au même niveau que les autres motorisations. 

Comment s’est passée la mise en place des premières solutions H2 ? 

L’été 2024 a marqué le lancement des premiers véhicules, avec un calendrier serré avant les Jeux olympiques de Paris 2024. Carrefour, Lidl, Toyota… plusieurs projets ont permis de tester la technologie en conditions réelles. 

  • Toyota : un véhicule démonstrateur dans le cadre des JO de Paris où la décarbonation était au centre des échanges. Ce véhicule a eu l’occasion d’ouvrir les jeux sur les rues parisiennes. Un premier succès visible à la télévision.  
  • Carrefour et Lidl : intégration de camions H2 au sein de leurs flottes, aux côtés de véhicules électrique et diesel.  

« La clé, c’est la préparation. Avec Hyliko, nous avons formé les conducteurs en amont et assuré un SAV réactif. Sans cela, le déploiement n’aurait pas été possible. » 

Quels enseignements tirez-vous de cette première année ? 

 La fiabilité de la technologie est au rendez-vous, et l’accompagnement d’Hyliko sur l’ensemble du projet est déterminant. 

 « Hyliko a su tenir ses engagements avec agilité. Le suivi et le SAV sont au top. » 

Partie 3 : Vision d’avenir 

À horizon 2035, la fin programmée des ventes de moteurs thermiques en Europe pousse le secteur à accélérer sa transition. Si l’électrique batterie sera majoritaire, l’hydrogène est appelé à jouer un rôle incontournable sur les segments où l’électrique atteint ses limites. 

« On ne pourra pas tout faire en électrique. L’hydrogène a une place à prendre, notamment sur la longue distance et les usages intensifs. À la fin de la décennie, on se rendra compte qu’un mix énergétique est nécessaire. Mais une chose est sûre : le gasoil disparaîtra progressivement. » 

Quel conseil donneriez-vous à un transporteur qui souhaite se lancer ? 

 « Tester est essentiel. Il faut bien connaître ses contraintes économiques, travailler avec ses fournisseurs et identifier les cas d’usage adaptés à l’hydrogène. Il n’existe pas une seule énergie d’avenir, mais un mix énergétique. L’essentiel est d’identifier les activités où l’hydrogène fait la différence. » 

L’avenir du transport routier décarboné ne repose pas sur une énergie unique mais sur un équilibre entre plusieurs solutions, capable de répondre à la diversité des usages. L’hydrogène a d’ores et déjà sa place dans cette mutation, aux côtés de l’électrique et des autres alternatives bas-carbone.  

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